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Bretagne Un responsable agricole écroué après les actions des légumiers

Deux agriculteurs des Côtes-d'Armor ont été mis en examen, et l'un d'eux a été écroué, après les manifestations des derniers jours, alors que la tension reste vive chez les producteurs de légumes de la région, frappés par la surproduction.

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Le président d'une coopérative de producteurs de légumes a été placé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Saint-Brieuc après la séquestration de deux gendarmes la veille pendant plusieurs heures par des légumiers dans son entreprise, a annoncé à la presse son avocat, Me Daniel Prigent.

Une information judiciaire avait été ouverte à son encontre dans la journée pour "arrestation, enlèvement et séquestration ou détention par des personnes suivie d'une libération avant le septième jour".

Me Prigent a indiqué ne pas comprendre ce placement en détention provisoire, en faisant valoir que son client avait joué un "rôle modérateur" dans cette affaire.

Deux gendarmes avaient été retenus mercredi à la coopérative Bro Dreger de Camlez, qui commercialise des choux-fleurs et des tomates - deux produits particulièrement touchés par la crise actuelle -, par des légumiers qui entendaient dénoncer l'arrestation d'un des leurs plus tôt dans la matinée.

Ce dernier a d'ailleurs également été mis en examen jeudi soir, notamment pour "violence volontaire sur un fonctionnaire de police avec préméditation", mais laissé libre sous contrôle judiciaire.

Il avait été placé en garde à vue mercredi après qu'une voiture de police avait été sérieusement endommagée à coups de barre de fer par un groupe de manifestants masqués dimanche dernier à Pommerit-Jaudy, au nord de Guingamp.

Les producteurs de légumes bretons, qui protestent contre l'effondrement des cours du choux-fleur lié notamment à la concurrence des pays d'Europe de l'est, ont mené une série d'actions violentes depuis la semaine dernière pour obtenir une intervention de l'Etat.

Les légumiers s'en sont notamment pris à trois centres des impôts à Lannion (Côtes-d'Armor), Morlaix (Finistère) et Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) le 5 novembre. Ces saccages ont fait l'objet de trois informations judiciaires.

Un chauffeur de car transportant des manifestants a par ailleurs été condamné mardi à Morlaix à trois mois de prison avec sursis pour avoir bloqué une voiture de police avec son véhicule. Un policier, blessé à la tête par un jet de pierre lors de l'attaque du centre des impôts de Morlaix, était toujours hospitalisé jeudi, "dans un état préoccupant", a-t-on indiqué de source préfectorale.

Les producteurs de légumes de la région n'ont pas mené de nouvelles actions jeudi. "On va jouer l'apaisement", a déclaré à l'AFP Loïc Conan, un responsable des Jeunes agriculteurs. Mais ils disent toujours attendre de Paris des propositions "dignes de ce nom". Le ministère de l'Agriculture leur avait simplement promis vendredi de convaincre la Commission européenne d'accepter la mise en place du système de régulation du marché qu'elle a refusé en octobre.

"Les pouvoirs publics n'ont pas encore mesuré l'importance du malaise", déplorait mercredi un agriculteur ayant participé à la séquestration des gendarmes.


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